Des insectes étrangers à la frontière du possible

À la fin de l’été 1999, la ville de New York est devenue le centre de la première épidémie du virus du Nil occidental en Amérique du Nord. Plus de 60 personnes avaient été infectées – sept d’entre elles sont décédées, incluant un Canadien. Trois ans plus tard, en 2002, le même virus apparaissait encore plus tôt au cours de la saison estivale pour se propager à travers le Canada jusque dans l’Ouest et au-delà du Mississippi. La Louisiane fut la région la plus durement touchée : jusqu’en début de septembre 2002, on a déjà recensé plus de 200 personnes infectées ainsi que huit décès attribués à la maladie.

 

De quoi s'agit-il?

Le virus du Nil occidental s’apparente à plusieurs virus transmis par les moustiques dans de nombreux pays. Il peut infecter les humains, les chevaux et d’autres espèces animales ainsi qu’une centaine d’espèces d’oiseaux, en particulier les corneilles, les corbeaux et les geais bleues. Le cycle de transmission du virus du Nil occidental vise d’abord les oiseaux et les moustiques. L’insecte contracte le virus en se nourrissant du sang d’un oiseau déjà infecté. Le virus est transmis aux humaines par la piqûre du moustique infecté. Bien que peu d’oiseaux en meurent, le nombre croissant d’oiseaux morts peut être dû à une épidémie du virus du Nil. Il faut environ deux semaines entre le moment où un moustique contracte le virus et celui où il peut le transmettre à un être humain ou à un animal. Les symptômes de la maladie n’apparaissent chez l’humain que 3 à 15 jours après une piqûre de moustique. Notez bien que seuls les moustiques peuvent transmettre cette maladie. Une personne ou un animal ne peut être infecté par un autre humain. Ce sont les moustiques qui font cette sale besogne !

Risques et symptômes

Quel risque potentiel le virus du Nil représente-t-il pour la santé et les activités de plein air durant l’été? Un bien faible risque, heureusement, car il suffit de prendre quelques mesures préventives contre les piqûres d’insectes et de tenir compte des avis provenant des instances sanitaires. Chez l’humain, le virus du Nil occidental cause rarement la maladie, même dans les régions où sa présence est signalée. En Ontario, on a recensé plus de 70 cas d’infection mais toutes les victimes étaient des oiseaux. Même phénomène au Manitoba et au Québec où les premiers cas furent observés cet été. Les personnes qui pourraient être infectées n’éprouvent généralement aucun symptôme, sinon une légère fièvre, quelques maux de tête et quelques douleurs musculaires. Dans de bien rares cas, l’infection peut causer une encéphalite (inflammation du système nerveux dans la boîte crânienne).Les risques pour la santé sont plus importants chez les personnes âgées de 50 ans et plus, les jeunes enfants et les gens souffrant de déficience immunitaire.

 

Prévention

De simples mesures suffisent largement à prévenir l’infection : port de manches longues et de pantalons, emploi de produits répulsifs contenant du DEET (diéthyltoluamide) appliqués sur la peau, vaporisation d’insecticides (comme le permethrin) sur les vêtements et, bien sûr, demeurer dans la maison au lever et au coucher du soleil car ce sont les heures durant lesquelles les moustiques cherchent à se nourrir. Notez qu’ il est conseillé d’utiliser les produits répulsifs avec grand soin chez les jeunes enfants et de toujours bien suivre le mode d’emploi. À l’heure actuelle, il n’existe aucun traitement ou vaccin contre le virus du Nil occidental. Toutefois, la grande majorité des gens infectés par le virus s’en relèvent complètement. De plus, les symptômes se traitent facilement sous supervision médicale. N’hésitez surtout pas à communiquer avec un professionnel de la santé si les symptômes persistent malgré les soins reçus. La propagation continue du virus du Nil occidental aux États-Unis et au Canada indique qu’il y est bel et bien établi de façon permanente, représentant une menace constante pour la santé publique. En Ontario seulement, plus de $9 millions ont déjà été investis cet été dans des programmes de prévention et de surveillance. La population peut également contribuer en signalant aux autorités la découverte de tout oiseau mort ainsi qu’ en éliminant les conditions qui favorisent la reproduction des moustiques, comme des sources d’eau stagnante autour des maisons.

 

Histoire

Le virus du Nil occidental a été découvert en 1937 dans la région occidentale du Nil (en Ouganda). Depuis, plusieurs épidémies ont été observées dans divers pays incluant l’Égypte, l’Afrique du Sud et ailleurs en Europe et en Asie. En dehors de l’Amérique du Nord, le virus a fait son apparition plus récemment en France, en Israël, en Roumanie et en Russie..

 

Source: La Presse, dimanche 16 février 2003
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